L'invention américaine
Durant le XIXe siècle, l’industrialisation engendre des modifications impétueuses du mode de vie de la société. La pression sur les paysages naturels et culturels ne cesse de croître. Certaines personnes commencent à s’inquiéter de la préservation de la nature et répandent l’idée de la mise en place d’espaces où la vie sauvage est protégée des activités anthropologiques. Créée en 1832, The Hot Springs Reservation en Arkansas, est la première « réserve naturelle » américaine. Elle prendra l’appellation de parc national quelques années plus tard, après que le concept se concrétise par l’apparition du 1er parc national : la région du Yellowstone. Aujourd’hui, les États-Unis compte 59 parcs nationaux sur plus de 210 000 km2.
(1) : la Suède est le premier pays européen à s’initier avec la création des parcs lapons.
Cette idée innovante s’est répandue dans les anciens empires coloniaux (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud) pour ensuite imprégner le monde entier. C’est au début du XXe siècle que né cette notion sur le continent européen. L’envie de protéger ses “monuments naturels” en installant des parcs nationaux émerge mais aucune définition et réglementation n’existent en Europe. (1) Le concept évoluera et prendra forme au fur et à mesure des rencontres internationales.
©Ron Niebrugge - wildnatureimages.com
©Siegfried Poepper : The Grand Prismatic Spring in Yellowstone National Park
Genèse des parcs alpins
L’année 1913 constitue une année très riche en termes d’initiatives pour la protection de l’environnement dans les Alpes. Le premier parc français est créé et s’intitule le parc de la Bérarde (ébauche du parc national des Ecrins). La même année,le parc national suisse est créé en Basse Engadine. Ces deux initiatives marqueront le début d’un long processus, celui de l’internationalisation de la protection de la nature dans les Alpes.
© Nils Leroy : Ecrins - La Montagne des Agneaux
D’autres parcs nationaux sont mis en place dans les Alpes à travers l’Italie, la France l’Allemagne, la Slovénie et l’Autriche. Aujourd’hui, nous comptons 14 parcs nationaux au sein des Alpes. La création de ces parcs nationaux a été majoritairement influencé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Cette organisation intergouvernementale est créé après la II Guerre Mondiale et rassemble des milliers de scientifiques et des ONG autour du même enjeu. Afin d’harmoniser et de comparer les efforts fournis quant à la protection et à la conservation de la nature entre les différents pays, l’UICN décide de classer les aires protégées en 6 catégories différentes (2).
2) : ce classement s’étale entre les réserves naturelles intégrales (catégorie I), comme par exemple le parc national suisse, jusqu’aux aires protégées de ressources naturelles gérées (catégorie VI) où figure le parc national marin d’Alonisos en Grèce.
(3) : Nous pouvons citer par exemple Gilbet André et son projet de création d’un “parc national culturel au sein des Alpes française”.
(4) : Aujourd’hui, avec la loi de 2006, la zone centrale et la zone périphérique se nomment le cœur du parc et l’air d’adhésion
Focus sur la France
Ce modèle “à la française” propose une zone centrale, où la réglementation est stricte afin de protéger la faune et la flore totalement (interdiction de camper, de cueillir des végétaux, de déranger les animaux...) et une zone périphérique, destinée à séparé la zone centrale du reste du pays (4). Trois années s’écoulent avant que l’application du texte de loi donne lieu au premier parc national français : le parc national de la Vanoise.
Aujourd’hui, la France compte 11 parcs nationaux dont 3 dans les Alpes que nous traverserons.
Après les deux guerres mondiales, le mouvement refait surface en France. Avec le militantisme de différentes personnalités publiques (3), le ministère de la Reconstruction et du Logement décide de confier l’étude d’un parc national en Savoie à Denys Pradelle, architecte et urbaniste reconnu. Peu de temps après, l’idée de travailler sur un texte de loi émerge et la réalisation de l’architecte influence les rédacteurs. C’est en 1960 que la loi est promulguée.